FER
On retrouve les restes de fabrications anciennes de fer à travers le Bénin et toute l’Afrique de l’Ouest. De très nombreux restes de production de fer ont été retrouvés, dont certains remontent au premier millénaire av. J.-C.. Toute une production peut être reconstituée à partir des découvertes archéologiques ou induite de celles-ci: L’extraction du minerai de fer, la fusion du minerai, la construction des fourneaux d’argile en forme d’entonnoir, la combustion du charbon, la réserve d’eau, le remplissage des fourneaux, la libération de la loupe de fer, la mise au rebut des scories, le nettoyage de la loupe de fer, et la fabrication de barres de fer et d’outils.
Crassiers de fer.
Par exemple, près de Dogbo, au sud d’Abomey, des mines pour l’extraction de minerais sont attestées. Elles sont constituées d’un labyrinthe de couloirs étroits, à quelques mètres sous la surface. Les entrées de la mine sont en pente (contrairement à celles des souterrains). Elles comportent des trous plus petits pour l’aération. Près d’Abomey, des mines à ciel ouvert ont été mises à jour, portant toujours des traces de houe.
Fourneaux à fer dans le Bénin du Nord.
Aucun fourneau à fer en état n’a pas été trouvé dans le sud du Bénin, mais on en trouve dans le Nord, où les anciennes méthodes de production de fer ont survécu jusqu’il y a environ 100 ans. Dans le sud, des fragments de fourneau ont été retrouvés dans les tas de scories mises au rebut derrière les fours lorsque le bloom était récupéré. Les fourneaux étaient hauts et avaient la forme d’une cheminée. Des tuyères étaient utilisées pour l’entrée d’air.
Accumulation d’anciennes tuyères, etc.
Les tas de scories et même de monticules permettent également de dater la production et de donner des indications de taille. Les tas de scories retrouvés dans le sud du Bénin sont très probablement plus anciens que ceux du Royaume du Dahomey. Les datations les plus anciennes réalisées jusqu’à maintenant avoisinent 800 apr.-JC. La production de fer était en effet très importante à cette époque. A Dogbo, on trouve des centaines de monticules de scories datant d’environ 1500 apr. J.-C. Le plus grand, qui mesure environ 100x45x12.5 m, ne contient pas moins de 58 500 tonnes de scories. Cette quantité de scories équivaut à une production de 2600 tonnes de fer ou à minimum de 2 363 000 têtes de haches ou « coupe-coupe » (machettes). La plupart des monticules de scories sont plus petits. Sur un seul site, on peut par exemple retrouver huit tas de taille moyenne de scories, chacun d’une hauteur de quelques mètres. Une telle production équivaut à 300 tonnes de fer, nécessitant l’utilisation de près de 7000 tonnes de charbon. Les effets sur l’environnement ont sans doute été si importants qu’ils pourraient expliquer l’arrêt de la production. De plus, nous ne connaissons pas la culture qui produisait ce fer. Peut-être existe-t-il des connexions avec le proche Tado dans le Togo de l’Est ou avec une culture Allada d’avant Royaume d’Allada. Il faudrait sinon chercher du côté du Nigeria et de ses premières villes.
Une production de cette taille, même si elle s’étend sur plusieurs centaines d’années, semble excéder les besoins locaux. C’est pourquoi une possible exportation vers le nord Islamique en même temps que l’or, l’ivoire et les esclaves d’Afrique de l’Ouest est fort possible, au moins aux alentours de 1000 apr. J.-C. Avec l’arrivée des Européens, l’importation de lingots de fer fut préférée.